samedi 15 décembre 2012

"Nonaugazdeschiste-Diois" au Collectif drômois...


COMPTE RENDU de la  REUNION DE COORDINATION DES COLLECTIFS « GAZ DE SCHISTE » DE LA DROME MERCREDI 12 DECEMBRE 2012.
Ordre du jour :
1- Fonctionnement de la coordination départementale-site 26
2- Liaison avec le réseau régional des collectifs.
3- Représentation aux rencontres nationales de collectifs
4- Action de formation.
Collectifs et organisations représentés :
- Val_de_Drôme : Mireille Bertaux, Gérard Gagnier, Yann Louvel
- Roynac – Sud_Drôme :      Alain Volle, Jack Szabo
- Valence-Grand_Valentinois : Nadia Donati, Paule Escoffier, Georges Griot, Jean-Marc Robin,
- Romans-Nord_Drôme : Michel-Philippe Perin-Dureau
- Ecocitoyens-Die-Ecologie-au-quotidien : Claude Veyret
- Frapna-26 : Anne Dez
Excusés :
Michèle Eybalin (CR_RA), Corine Morel-Darleux (CR_RA), Justine Arnaud (Assistante M.Rivasi)
Information sur l'activité  des collectifs :
Val de Drôme : Envoi d'une lettre à la commission locale de l'eau pour lui demander de prendre position sur les risques environnementaux liès à ses attributions : la préservation qualitative et quantitative des eaux naturelles ; préparation en cours d'une soirée -publique- café sur les quais – 1er février- soirée blind test musical (http://zebigblindtest.free.fr/index.php) – avec inclusion d'animations-jeu du collectif  sur le sujet  des GDS.
Prochaine réunion lundi 14 janvier 20H30 à l'arrêt public (angle de la place de l'église)
Valence : Conférence sur les GDS à la MJC de Guilherand-Granges le 25 janvier à 20H.
Romans : Philippe Perin-Dureau informe la coordination du cheminement administratif concernant le permis Pré-Alpes (Diois-Trièves-Vercors) ; la DREAL a formulé un avis négatif sur ce permis ; le préfet doit maintenant donner le sien et transmettre le dossier au ministère ; si le délai de réponse de ce dernier excède deux ans, le permis serait automatiquement retiré (dépôt de ce permis en juin 2012). Recours de Total concernant l'abrogation (octobre 2011) du permis de Montélimar : le Tribunal administratif  de Cergy a mis en demeure le gouvernement de rendre ses conclusions qui tardent ; les associations FNE et No Gazaran ont déposé une « requête en annulation volontaire ».
Roynac : Courriers envoyés aux maires jusqu'au Diois à propos de  la demande Pré-Alpes.
Die : première conférence d'information avec projection du film « Gazland » à St Bonnet en Champsaur, 70 personnes présentes ( photo) ; une soirée spéciale sur les GDS, lors des journées de l'écologie,  permettra d'appeler à la création d'un collectif :
Soirée GDS, le mercredi 30 janvier à 20H30, salle polyvalente de Die.
Intervention de la FRAPNA sur les GDS à Livron le 2 février à 17H
1- Le compte rendu de la précédente coordination est disponible sur le site départemental. Remarque est faite de la non mention dans ce texte de l'activité  locale ou départementale ayant précédé la fondation du collectif départemental et la signature de la charte.
Jack SZABO, gestionnaire du site internet, informe de la situation administrative  et technique : après quelques semaines d’hébergement « gracieux » par Vigilance26-07, achat d’un nom propre au collectif-26 chez OVH  le 28 février 2011, avec un compte « pro » associé (site internet, messagerie, mailing-listes). Licence en cours valable jusqu'en août 2013 – coût 5€/mois payés d’avance, pour 100Go de capacité. Site internet originel basculé de l’environnement Word-Press (gratuit) sur Toweb (payant – licence « professionnelle » offerte par Ghislain Vineis de Livron, qui a construit la version actuelle du site).
Depuis juin 2012, Jack Szabo est seul « en ligne » pour mettre à jour le site et suivre la messagerie.
Site : choisir l'hébergement sur un site public gratuit et/ou utiliser un logiciel de création lui aussi gratuit limiteraient la capacité de stockage d'informations et les fonctionnalités : 10 méga avec Toweb gratuit, ou 100 méga en hébergement gratuit « site-perso » pour un abonné chez Orange. Voir les avantages et inconvénients des deux méthodes en fonction de ce que l’on veut faire du site (aujourd’hui, pas de limite en taille donc pas de choix cornélien entre actualité et historique, pas de pubs parasites, flux RSS disponibles, commentaires des lecteurs possibles, référencement facilité par Google, inscription automatique à la mailing-liste, …). Par contre l’usage d’un logiciel sous licence payante contraint la mise à jour partagée à distance (avec Ghislain, nous partagions un fichier-sauvegarde avec Dropbox, ce qui marchait très bien…). Si l’on veut faire du site un simple portail renvoyant vers les collectifs locaux, sans gestion de l’information au jour le jour, on peut alléger les charges...
Mailing-listes : jusqu'à aujourd'hui trois listes de messagerie sont actives : une liste « admin » des « administrateurs désignés » par le collectif à Crest en juin 2011, une liste « collectif » (organisations ou personnes signataires de la Charte du collectif), une liste «contacts» regroupant toutes les personnes ayant laissé leurs coordonnées lors des différentes manifestations ou par inscription (-désinscription) automatique sur le site (363 adresses au 12-12-2012).
Décisions : Conformément aux décisions de la précédente coordination, la page « Accueil » a été modifiée pour faire apparaître le passage d’un Collectif-26 unique à une coordination de Collectifs-locaux. Les coordonnées des différents collectifs unitaires constitués figurent sur la seconde page « Les Collectifs » .
Ces coordonnées seront complétées, à raison de deux personnes désignées par leur collectif local ; Claude de Die, présent à la réunion de coordination sera ajouté, pour favoriser la constitution d'un collectif local sur le Diois.
La liste mail anciennement « administrateurs » est donc inutile. Elle sera remplacée par une liste « coord_gds26 »  comportant à minima deux adresses par collectif, ainsi que celles des deux Conseillères Régionales, de l'attachée de la Député Européenne, et de la représentante de la FRAPNA Drôme.
La page « contact » sera modifiée, pour renvoyer pour inscription au collectif local de sa zone d'habitation ; pour les zones sans collectifs, à fonder, les contacts seront invités à envoyer un mail au collectif le plus proche pour une aide dans ce sens. Jack enverra un message à la liste « contacts » pour informer les personnes inscrites du nouveau mode de fonctionnement (à renouveler 2 ou 3 fois dans les deux mois à venir)
Une commission site de quatre personnes est constituée : Jack, Nadia, Gérard,... Elle fera des propositions à la coordination sur plusieurs sujets : La présentation des informations pro et anti GDS (page débat? interactive?) ; la création d'une page de présentation de chaque collectif (personnalisation, activités, photos...)...
2- Un réseau Rhones -Alpes des collectifs a été créé en septembre 2011, la première réunion a eu lieu le 16 novembre 2011 (voir CR en annexe) ; un document nommé « schéma d'organisation » précise les objectifs :
« Comme signalé aux élus du Conseil Régional jeudi 8 septembre à Lyon, il ne s’agit pas de créer une coordination structurée des collectifs départementaux de la région Rhône-Alpes mais bien de poser les bases organisationnelles qui faciliteront la mutualisation des outils, informations, compétences,… entre ces différents collectifs. »
Un salarié, embauché par le collectif 07 est subventionné par la Région ; celle-ci étant dégressive, la question du financement se pose.
Décisions :
prochaine rencontre régionale des 15 et 16 décembre sur le plateau d'Hauteville (voir permis du Bugey sur le site) ; Philippe a prévu d'y aller.
Yann et Mireille seront inscrits sur la liste du réseau pour recevoir les informations.
3 – Rencontres nationales des collectifs
Décision :
En attente d'une information sur l'accueil de la prochaine rencontre en Lorraine le deuxième week-end de janvier, la coordination mandate le Collectif de Valence pour la représenter et proposer la constitution d'une commission presse nationale pour répondre rapidement aux campagnes  pro- GDS.
Le compte rendu de la dernière coordination nationale est disponible sur le site :
4- Formation
Le collectif Val de Drôme propose l'organisation d'une demi-journée de formation pour l'organisation sur le département d'un réseau de vigilance-information-alerte-action.
Décision : Alain Volle (Roynac) prend contact avec le collectif 07, pour l'organisation de cette formation le samedi 16 ou 23 mars.
Appel à souscription : pour compléter le financement du film documentaire réalisé sur l'activité nationale des collectifs gaz de schistes.
Compte Rendu par  Gérard GAGNIER (collectif Val de Drôme).

mercredi 12 décembre 2012

La transition existe, je l' ai rencontrée....

En Alsace, un village "en transition" prépare l'après-pétrole

Chaufferie à bois, panneaux solaires, cantine "100% bio" et espaces verts sans pesticides: le village d'Ungersheim (Haut-Rhin), "en transition" vers l'autonomie énergétique et alimentaire, fonctionne au quotidien comme un laboratoire de l'après-pétrole.
Lassé par "l'inertie et les beaux discours" des politiques, le maire de cette commune de 2.000 âmes proche de Mulhouse  multiplie les projets écologiques.
"Un maire peut avoir beaucoup de leviers dans la contribution pratique", relève Jean-Claude Mensch, qui dirige sa commune depuis 1989. "Le fait de passer à la transition, ça évite de trop parler d'écologie".
Sous l'impulsion de ce mineur retraité de 66 ans, fidèle compagnon de route des Verts mais élu sans étiquette, Ungersheim a entamé sa "reconversion" au début des années 2000 en faisant la chasse aux énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon).
Désormais, l'éclairage public est moins énergivore, la piscine municipale est chauffée par des panneaux solaires et plusieurs bâtiments municipaux sont alimentés par une chaufferie à bois.
Le recours à la biomasse ayant fait ses preuves, la mairie envisage maintenant de relier cette chaudière à un futur lotissement voisin, pour avancer un peu plus vers l'autonomie.
Autre mesure forte, le désherbage des espaces verts, du cimetière ou encore du terrain de foot se fait sans pesticides. "On fait tout à la main!", s'amuse David, un des employés communaux.
En plus des espaces verts, le jeune homme est affecté à une mission bien spéciale: c'est lui qui, tous les midis, assure une partie du ramassage scolaire... en calèche.
En 2008, le conseil municipal s'est offert un cheval, "Richelieu", et du matériel d'attelage, pour quelque 20.000 euros. L'objectif: assurer la desserte du midi pour une vingtaine d'enfants vivant loin du centre-ville, dont les parents sont les plus susceptibles de prendre leur voiture.
"On change de trajet tous les jours pour faire plaisir à tout le monde, les enfants sont ravis", raconte David, tandis que les écoliers viennent caresser Richelieu.
Devenu la coqueluche du voisinage, l'étalon assiste également les employés communaux pour l'élagage et les travaux d'arrosage. Parfois, la commune le prête aussi aux "Jardins du Trèfle Rouge", une exploitation maraîchère "bio" à la sortie du village.
L'autre cheval de bataille d'Ungersheim est en effet d'offrir une "alimentation saine pour tous", via l'agriculture biologique.
Pour y parvenir, la mairie a racheté un terrain de 8 hectares et l'a mis à disposition d'une association employant une trentaine d'ouvriers maraîchers en réinsertion.
Les légumes sortis du Trèfle Rouge atterrissent tout droit dans les assiettes de la cantine, offrant aux enfants une alimentation 100% bio. "Goûter inclus!", précise le maire avec fierté.
Une bonne partie de la population reste cependant circonspecte face à un tel dynamisme. "Leur soutien n'est pas toujours évident, ils sont parfois un peu récalcitrants", admet le président d'une association locale, Serge Heckmann. "Mais si on ne prend pas d'initiatives, personne ne le fera".
Ce volontarisme politique s'est traduit par l'implantation à Ungersheim de la plus grande centrale solaire d'Alsace (40.000 m2), dont la mise en service est prévue le 31 décembre.
Après avoir racheté une friche industrielle de 6 ha, la ville a lancé un appel d'offres pour y attirer un entrepreneur spécialisé dans le photovoltaïque.
Une société basée à Mulhouse va transférer son siège social à Ungersheim, payer un loyer à la ville et vendra au réseau ERDF "une production équivalant à la consommation énergétique de 800 foyers", selon M. Mensch.
Ce maire hyperactif a encore des projets plein la tête. Tandis qu'il réfléchit à la création d'une unité de méthanisation, pour assurer une réelle autonomie énergétique, il tente d'attirer de futurs habitants avec la mise en place d'un éco-hameau constitué de "maisons passives" (qui ne consomment que l'énergie produite localement).
MCD

jeudi 6 décembre 2012

Transition énergétique...trop lentement....



Un défi pour la démocratie
Entretien avec Pierre Radanne, expert en politiques énergétiques, fondateur de la société de conseil "Futur-Facteur-4 "
Le modèle énergétique français est caractérisé par une forte centralisation, liée au poids du nucléaire. Or répondre aux enjeux posés par le dérèglement climatique impose de mettre en place un système décentralisé, impliquant davantage les collectivités, mais aussi les citoyens.
Pourquoi l'énergie est-elle restée une compétence nationale au sein de l'Union européenne ?
En effet, bien que l'environnement relève de plus en plus d'une compétence européenne ou régionale, il n'y a jamais eu, dans les traités, un octroi de compétence à la Commission européenne en matière énergétique. Il s'agit bien d'un domaine de compétence régalien national. En France, accepter de faire de l'énergie une compétence européenne de droit revenait à mettre les choix nucléaires en débat. Or l'Etat n'a jamais accordé de véritable pouvoir sur ce sujet aux collectivités territoriales. L'énergie est un domaine où lui seul décide, par exemple de l'implantation d'un réacteur nucléaire. Cette tradition date de la Libération et de la mise en place en 1945 de monopoles publics, EDF-GDF et Charbonnages de France. Elle a toutefois été renforcée dans les années 1970 avec le nucléaire, une énergie qui ne se développe qu'au sein des pays ayant un pouvoir centralisé. Dans un cadre institutionnel décentralisé, les programmes nucléaires sont en effet aussitôt bloqués par les collectivités locales sous la pression populaire.
Mais, depuis le début des années 1990, la Commission européenne a remis en cause, au nom de la concurrence, les monopoles publics d'Etat. Elle a obtenu la libéralisation du marché de l'électricité et du gaz. Par le droit de la concurrence, elle a donc réussi à remodeler complètement le secteur énergétique européen. Aujourd'hui, le modèle énergétique décentralisé allemand domine en Europe et a été adopté notamment par l'Espagne, l'Italie, la Belgique…
La Commission a par ailleurs une compétence, au titre de l'environnement, sur les questions relatives au climat. C'est l'Europe qui négocie dans le cadre des conférences des Nations unies et non pas chacun des 27 Etats membres. De facto, le paquet climat-énergie, adopté en décembre 2009 par le Conseil européen, fixe ainsi des objectifs d'efficacité énergétique, de réduction d'émissions de gaz à effet de serre et de parts de marché des énergies renouvelables. Malgré le vide juridique, l'Europe a donc réussi à prendre fortement position sur l'énergie.
Une allégorie explique bien les enjeux actuels : nous sommes en face d'un conflit titanesque entre un monde des pastèques et un monde des myrtilles. Le monde des pastèques, c'est le monde des grandes multinationales, des grandes entreprises, des Etats forts. De l'autre côté, celui des myrtilles est fait de plein de petites choses. Or les économies d'énergie se réalisent forcément en mettant bout à bout une multitude de petites choses. Contrairement à la France, l'Allemagne fonctionne d'une manière très forte par la subsidiarité en mobilisant les acteurs en présence. La question du changement climatique ne peut être résolue autrement.
La moitié des émissions de gaz à effet de serre est en effet issue des ménages privés, par leur choix de chauffage, d'isolation, d'alimentation, bref par leurs comportements. Pour répondre aux objectifs environnementaux, il est donc nécessaire de transformer les habitudes d'un nombre considérable d'acteurs. Une stratégie centralisée ne peut y parvenir.
Et d'ailleurs, quand la France a commencé à faire des plans climat nationaux, sans déclinaisons territoriales, on s'est très vite aperçu que cela ne fonctionnait pas. Car le niveau national était un échelon trop éloigné du terrain pour mettre en oeuvre des actions opérationnelles, suscitant l'adhésion et l'implication des différents acteurs. C'est pourquoi, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, la France a demandé aux collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants de constituer des plans climat-énergie territoriaux. Nous assistons donc à une décentralisation des compétences sur le climat, qui couvrent également les questions énergétiques. Une situation vécue de manière très différente selon les territoires et qui fonctionne mieux dans des régions aux cultures de coopération établies et anciennes, que cela soit entre collectivités ou entre secteurs privé et public, comme dans le Nord-Pas-de-Calais, en Alsace, dans le Grand Ouest. D'autres régions, comme la Lorraine, la Champagne et l'essentiel des régions jouxtant la Méditerranée, accusent en revanche un retard.
Au-delà du cadre institutionnel, cela implique un autre rapport entre consommateurs et producteurs…
La pratique des énergies renouvelables pose, au-delà de la question de la démocratie locale, celle de l'autonomie des territoires et celle du rôle quotidien des citoyens dans la consommation. Les réseaux intelligents vont ainsi bouleverser le rapport de chacun avec l'usage des équipements, en le responsabilisant. Leur fonctionnement décentralisé peut entraîner une révolution à l'image de celle que nous avons connue avec Internet, avec un accès massif à l'information. Par ailleurs, les consommateurs, avec les énergies renouvelables, deviennent aussi producteurs. On le voit, par exemple, avec l'énergie solaire.
Il est d'autant plus nécessaire d'encourager les citoyens à jouer un rôle plus actif dans le système que si nous ne progressons pas vers une plus grande efficacité énergétique, nous allons affronter un problème social insoluble. En France, un ménage sur six est déjà en situation de précarité énergétique. Dans le cadre de notre système national très hiérarchisé, il n'y a pas eu, comme en Allemagne, un réel travail auprès des consommateurs pour les inciter à changer de comportement. Aussi, l'ensemble du système est loin d'être optimal. Nous avons donc besoin d'entrer dans une démocratie de " co-construction ". Dans le cadre d'une planification à l'horizon 2050, nous devons rassembler l'ensemble des collectivités, des acteurs sociaux (syndicats, associations…), des grandes entreprises et des particuliers pour élaborer un projet collectif, ensuite mis en débat. Au sein de l'agglomération de Toulouse, j'ai mené une démarche de co-construction du plan climat-énergie avec 500 participants réunis en ateliers. Une pratique encore rare au sein des collectivités locales. Un des enjeux de l'après-2012 est bien de renforcer les processus de décentralisation.
Car quand tout est décidé très haut, il y a parfois la tentation de régler les problèmes d'une manière autoritaire, sans concertation…
Au nom de l'urgence et de la gravité de la situation, certains ont la tentation d'un despotisme à travers des méthodes coercitives, des réglementations, etc. Or s'il y a bien une leçon à tirer du XXe siècle concernant les questions énergétiques, c'est que les systèmes totalitaires sont les plus gaspilleurs et les plus néfastes pour l'environnement, contrairement aux systèmes démocratiques. Aujourd'hui, face à l'urgence, cette demande de despotisme éclairé est très forte, y compris chez certains écologistes, mais cela ne peut fonctionner.
En conclusion, peut-on revenir sur les enjeux sociaux, également cruciaux dans le cadre de cette transition énergétique ?
Dans le contexte actuel de la crise, le creusement des inégalités sociales rejoint ces questions avec urgence. Le poids de l'énergie dans le budget est en effet inversement proportionnel à la richesse. Plus on est pauvre et plus le poids de l'énergie dans le budget est important, car on a souvent des logements et des véhicules moins économes, quand ce n'est pas simplement un accès plus limité aux centres-ville pour aller travailler.
Comment isoler son logement si on n'a pas de capacité d'emprunt ? Les politiques d'économies d'énergie sont inaccessibles aux personnes qui n'ont pas de capacité d'investissement. Et ces inégalités se creusent précisément au moment où le prix de l'énergie va augmenter, car le programme nucléaire arrive en fin de vie. Quoi qu'on fasse, EDF envisage une hausse de 40 % du prix de l'électricité dans les années qui viennent pour assurer les investissements.
Il est donc urgent d'apporter une réponse aux populations qui n'ont pas de capacité d'investissement. Dans cette optique, la région-Midi-Pyrénées a mis en place un programme de 1 milliard d'euros sur la période 2011-2020 afin de réhabiliter les logements sociaux et de s'occuper de la précarité énergétique.
Le climat est le premier enjeu dans l'histoire de l'humanité qui nécessite une solidarité mondiale. Aussi sommes-nous dans une situation où nous devons faire le choix de subir ou d'agir. La question du climat va restructurer notre système politique de gouvernance. Jusqu'à présent, le sujet de l'énergie, dans un contexte encore très scientiste, a été appréhendé sous un angle exclusivement technique, laissant de côté la question démocratique. Or le coeur du sujet est politique. Car nous allons être obligés dans un même mouvement de trouver les moyens de gérer ensemble la planète et de revaloriser le rôle du citoyen. Pour un système efficace et socialement satisfaisant, nous devons réinvestir la démocratie.
Entretien avec Pierre Radanne, expert en politiques énergétiques, fondateur de la société de conseil Futur Facteur 4
Propos recueillis par Marc Endeweld 

dimanche 2 décembre 2012

Réunion Publique sur la Transition Energétique du notre Territoire par ADTE (suite, Partie 2)...



Dans un ‘power-point’ très pédagogique Mr Philippe Mejean, responsable associatif du Diois (Dryade, les Bonnes Energies, La Carline, etc..) nous raconte « 60 ans de nucléaire sans débat et sans démocratie ». 
60 personnes étaient présentes.
L'histoire de l'énergie nucléaire en France
La France produit environ 75 % de son électricité au moyen de centrales nucléaires. C'est un record absolu. Ce choix remonte aux années 1970 et s'inscrit dans un contexte mondial. ( Photos 1 : Mr Mejean à Droite de la Responsable de Ecologie au Quotidien, Mme Tesson. Photo 2 : un aperçu de la Salle Joseph Reynaud ce 24 novembre 2012) 
(A comparer avec les autres grands pays nucléaires, par exemple : le Japon 29 %, les Etats-Unis 20 % ; la moyenne mondiale est de 13 %).
Les recherches fondamentales
La fission nucléaire, provoquée en bombardant des noyaux d'uranium avec des neutrons, est découverte en 1938 par les Allemands Otto Hahn et Fritz Strassmann.
Dès 1939, la communauté scientifique internationale s'intéresse énormément à cette réaction qui non seulement produit une énergie considérable, mais aussi libère des neutrons, qui à leur tour vont - théoriquement - pouvoir fragmenter un autre noyau : c'est la "réaction en chaîne". Les savants du monde entier vont dès lors rechercher les conditions à réunir pour déclencher, et contrôler, cette réaction en chaîne.
Les enjeux sont en effet considérables : l'énergie énorme libérée par la réaction en chaîne doit pouvoir être utilisée à des fins civiles (si la réaction en chaîne est contrôlée, la chaleur produite peut être convertie en électricité) mais aussi militaires (si la réaction en chaîne est laissée sans contrôle, c'est l'explosion atomique).
En France quatre chercheurs (Frédéric Joliot-Curie, Hans von Halban, Lew Kowarski, Francis Perrin) travaillent sur la fission nucléaire. Ils déposent en 1939 trois brevets portant sur la possibilité de produire de l'énergie grâce à la fission, et de construire une bombe.
L'adjectif "nucléaire" vient du mot "noyau". C'est en effet la "fission" c'est-à-dire l'éclatement du noyau de certains atomes (uranium, par exemple) qui libère une énergie considérable sous forme de chaleur.
Les premières bombes atomiques
Dès le début des années 40, les Américains décident de se doter de la bombe atomique (projet Manhattan). La première réaction en chaîne est amorcée le 2 décembre 1942 dans le réacteur atomique expérimental de Chicago. Le premier tir d'essai de la bombe atomique américaine est réalisé le 16 juillet 1945 (désert du Nouveau-Mexique), et les 6 et 9 août 1945 les villes de Nagasaki et Hiroshima, au Japon, sont rayées de la carte.
Coalition Gaullo-communiste
En France, le Général de Gaule décide lui aussi de doter la France de l'arme nucléaire. Il crée en 1945 le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique). Le premier réacteur nucléaire expérimental, baptise Zoe, entre en fonctionnement en 1948. L’indépendance militaire et  la dissuasion atomique forgeront l’alliance totalitaire entre les gaullistes et les communistes jusqu’à aujourd’hui.  
En 1958, la décision de construire une bombe atomique est annoncée officiellement, et le premier tir d'essai a lieu au Sahara en 1960.
Les premières centrales nucléaires
La première centrale française est celle de Chinon (mise en service en 1963).
La première centrale destinée à produire de l'électricité d'origine nucléaire entre en service en 1954 à Obninsk (U.R.S.S.). Suivent la Grande-Bretagne en 1956 (centrale de Calder Hall), les Etats-Unis en 1958 (centrale de Shippingport), etc.
Le choix français du " tout nucléaire"sans débat démocratique.
Jusque dans les années 60, deux grandes technologies nucléaires coexistent en France : la filière "uranium naturel - graphite -gaz" (c'est le cas de la centrale de Chinon), et la filière "uranium enrichi - eau pressurisée", développée par la compagnie américaine Westinghouse (c'est le cas de la centrale de Chooz dans les Ardennes, mise en service en 1967). En 1968, le général de Gaulle fait le choix de cette seconde filière.
Le président Pompidou, en 1973-1974, décide de produire la majorité de l'électricité française au moyen de centrales nucléaires. Le premier "choc pétrolier" vient en effet de se produire, le cours du pétrole brut passant de 3 à 10 dollars le baril. Il s'agit donc de réduire la dépendance énergétique de la France.
Ce choix est confirmé et amplifié par le président Giscard d'Estaing en 1975. L'objectif est d'atteindre 85 % d'électricité d'origine nucléaire en 1985. En réalité on atteindra 65 % cette année-là, mais la proportion continue à croître jusqu'en 2000 environ où elle se stabilise autour de 75 %.
Actuellement, la France compte 58 réacteurs répartis dans 19 centrales, et une centrale EPR en construction (Flamanville dans la Manche).
La  fermeture de la centrale de Fessenheim  a été promise par le nouveau Gouvernement de François Hollande (2012), mais tarde à entrée dans la pratique. Comme la réduction de 75% à 50% de la part de notre consommation d’électricité nucléaire.  Mais les mesures : isolations, efficacité, économies, alternatives énergétiques tardent à voir le jour.
1789 : Le chimiste prussien Klaproth découvre l'Uranium
1896 : Le physicien français Becquerel découvre  la radioactivité naturelle.
1898 : Découverte par Pierre et Marie Curie  du radium et du polonium.
1901 : Premières tentatives d'utilisation du radium à des fins thérapeutiques par Henri Becquerel et Pierre Curie.
1911 : Découverte du noyau de l'atome par Rutherford.
1934 : Découverte de la radioactivité artificielle par Irène et Frédéric Joliot-Curie.
1942 : Premier réacteur nucléaire mis en route  à Chicago, aux Etats-Unis.
1945 : Deux bombes atomiques sont lancées sur les villes japonaises Hiroshima et Nagasaki.
1957 : Premier accident nucléaire à Windscale, en Grande Bretagne.
1963 : EDF produit ses premiers watts d’électricité d'origine nucléaire. C'est le "tout nucléaire français"
1967 : Mise en service de l'usine de La Hague, en Normandie. Elle assure le traitement des combustibles nucléaires usés en provenance
de réacteurs.
1979 : Accident nucléaire à Three Mile Island, aux États-Unis. Cet accident est classé au niveau 5, le plus haut niveau étant 7, de l'échelle internationale des évènements nucléaires INES
1986 : Accident gravissime de niveau 7 sur l'échelle INES dans la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine.
1997 : Début du premier démantèlement d'une centrale nucléaire française, celle de Brennilis. Cela va durer 20 ans et entraîner 1500 tonnes de déchets.
2004-2007 : Un nouveau réacteur nucléaire EPR va être construit en Basse - Normandie. Beaucoup de citoyens français s'y opposent et souhaitent sortir du nucléaire.
2011 : Accident gravissime de niveau 7 sur l'échelle INES dans la centrale nucléaire de Fukushima au Japon.
Claude Veyret pour MCD