lundi 29 juillet 2013

Débat sur la Transition énergétique dans la Biovallée de la Drôme...

Synthèse du Collectif Transition Energétique de la Vallée de la Drôme et du Diois

Le Collectif Transition Energétique de la Vallée de la Drôme a transmis à la Région Rhône-Alpes un document de synthèse d’une très grande richesse. Vous pouvez le lire en  le téléchargeant. Que sa longueur ne vous décourage pas, il peut être lu par étapes, par parties, en fonction de vos propres questionnements…

Pour compléter cette synthèse, il y a aussi un sondage qui avait pour objectif de distinguer les propositions qui font consensus, celles pour lesquelles les opinions sont partagées ou largement défavorables. Vous pouvez aussi le télécharger.
Les 6 forums ont mobilisés environ 280 personnes et le sondage a reçu 66 réponses.
La réflexion et les actions à venir dès l’automne seront nourries par la dynamique née de ces rencontres et nous continuerons, avec vous, à œuvrer pour que la transition énergétique devienne un enjeu de société partagé par tous.
Bien à vous,
Le collectif « transition énergétique »
Association Dioise pour la Transition Énergétique, Val de Drôme Énergie Citoyenne, Écologie au Quotidien, Enercoop, etc

mercredi 24 juillet 2013

Osons l'Utopie : le rêve communautaire...

Osons l’utopie ! Le fol été des communautés.

Après la vague contestataire de 1968, le pouvoir gaulliste sort renforcé. Pompidou succède au général, et le statu quo règne. Mais de jeunes révoltés ne se résignent pas à une existence passive, rangée dans le salariat et la consommation. Inspirés par les hippies des États-Unis, ils s’installent à la campagne pour vivre de la manière la plus autonome possible, libres. S’extraire du capitalisme par l’entraide et l’auto-production, inventer d’autres façons de vivre en rejetant la famille, la propriété, la compétition et les rapports de domination : "Qui peut nous empêcher de réinventer la vie et de la vivre tout de suite, comme on l’avait demandé, rêvé, proclamé, manifesté, hurlé ?" (p. 14).
Une douzaine de communautés ont fleuri dans le Diois de 1973 à 1993 . Comme  La Bâtie des Fond, Le Moulin de Menglon, la Genette de Saint Nazaire le Désert, le Chambon d'Aurel, etc
C’est le "fol été des communautés". Pour Christian Dupont, l’apogée de ce mouvement a lieu en 1970. Cette année, "on comptait en France 500 communautés rurales implantées surtout dans les départements du Sud qui avaient subi un précédent exode rural. On y trouvait des terres à l’abandon et des hameaux désertés" (p. 238). L’auteur est bien placé pour retracer cette vague. Dans l’enthousiasme et l’énergie créative, il organisait des départs en communautés depuis les Beaux-Arts, mettait en relation, s’investissait dans les comités, coordonnait l’organisation d’une société alternative avec Actuel, le journal de la contre-culture. "Fonder une autre société, poser les bases d’une authentique civilisation, c’est d’abord mettre en place les moyens et les conditions de l’autonomie. Un ensemble humain qui s’autogère devient responsable et la responsabilité ouvre la porte de la liberté – telles étaient nos préoccupations majeures" (p. 59).
Lui-même a pris la tangente. Au volant d’une 4L, il a rejoint la Vallée, 1000 hectares en friche proches de Carcassone. C’est cette expérience communautaire que retrace Osons l’utopie !. Cette recherche d’une vie pleine, épanouissante, simple et spartiate mais riche en joies. "L’exigence d’une mutation sociale radicale y fut clairement exprimée : il ne s’agissait pas de réclamer des hausses de salaire, du plein-emploi ou de défendre le régime des retraites, mais d’abolir tout un système d’asservissement pour le remplacer par un modèle qui se mette au service de l’humain, de sa dignité et de son accomplissement" (p. 7).
Au fil de ce texte qui se lit comme un roman, le lecteur croise des personnages hauts en couleur. Des babas cool de bonne famille désirant l’insouciance hédoniste, qui ne voulaient pas travailler plus de trois heures par jour, rencontrent des végétaliens austères, des mystiques, des cabossés en rupture... "Nous étions maos, anars, trotskars, révolutionnaires, libertaires, pacifistes, marginaux... communautaires !" (194) Cahin caha, le groupe parvient se répartir les tâches : retaper les bâtiments de la ferme, apprendre à cultiver la terre et à élever quelques animaux, s’approvisionner en eau, rendre le chemin carrossable, faire bourse commune, passer des compromis avec la société de consommation en se raccordant à EDF...
La vie en communauté apporte son lot de dissensions et de départs. Une tentative de suicide, des flambées de violence, des naufragés indésirables qui s’incrustent pour profiter du gîte et d’une assiette, les rapports difficiles avec la population, la surveillance constante des flics... Christian Dupont n’écarte pas les intermèdes peu réjouissants de cette expérimentation à l’équilibre fragile. L’auteur ne tombe pas dans la nostalgie et l’autosatisfaction. Il ne se glorifie pas et ne se fait pas donneur de leçons. Son récit est un retour critique, écrit avec simplicité, auto-dérision et humour, qui souligne les faiblesses de ce nouvel art de vivre, comme les instants euphoriques qu’il procure. "Je n’ai jamais été si pleinement heureux que là ! En communauté... et pourtant, c’était dur, et avec un sacré paquet de misères... mais avec des dépassements soudains, prodigieux, qui effaçaient tous les emmerdes" (p. 12).
Le fol été des communautés a tourné court. La plupart ont éclaté. Quelques-unes sont restées et ont essaimé, notamment Longo Maï, fondée en 1973 dans les Alpes de Haute-Provence. Quelques couples ont continué à vivre de manière autonome à la campagne. Mais le rêve de créer une "société de substitution", parallèle, composée d’îlots autogérés et fédérés, n’a pas pu prendre. Trop de divergences. "Le retour sur Paris nous fit savoir que le vieux monde vaquait toujours à ses occupations productivistes et qu’il restait indifférent aux délires d’une petite frange d’utopistes" (222).
Reste que l’aspiration à une existence hors système est toujours là, tenace. Le refus de se soumettre à un mode de vie déshumanisant semble même se renforcer alors que le capitalisme mondialisé agonise et que la société de consommation ne console plus. Des alternatives foisonnent, notamment recensées dans les revues S !lence et Passerelle Eco. Des squats, des écovillages fleurissent. Les jeunes qui choisissent de s’installer en yourtes, en caravanes ou dans des cabanes subissent toujours une répression policière féroce. La loi Loppsi 2 voulait criminaliser davantage ces bâtisseurs d’ "habitats illicites", avant que le conseil constitutionnel n’invalide certaines dispositions. Hier comme aujourd’hui, choisir une existence non conforme est un défi lancé à la face d’une civilisation de puissance moribonde. Plus, la dissidence devient une condition de survie : face aux chocs qui s’annoncent, une organisation basée sur des communautés locales et solidaires est la plus à même de résister [1].
Christian Dupont, Les éditions libertaires, 2011, 255 pages, 15 euros.
par Pierre Thiesset  
[1Rob Hopkins, Manuel de transition. De la dépendance au pétrole à la résilience locale, Ecosociété, 2010

mardi 23 juillet 2013

La Transition écologique..va t elle être bidonnée ?

Transition énergétique: les recommandations inquiètent les ONG

Paris - La formulation de certaines recommandations du Débat national de la transition énergétique, qui doivent être finalisées jeudi, ont inquiété certaines ONG mercredi, alors qu'un nouveau projet a été soumis aux acteurs de ce débat.
«La dernière version des quinze préconisations contient des modifications inacceptables», a réagi le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot , Matthieu Orphelin, en citant notamment la question de la fiscalité écologique et celle l'objectif de baisse de consommation énergétique à retenir.
Chez France Nature Environnement (FNE), la spécialiste de l'énergie Maryse Arditi constate également des «régressions» sur certains points tout en restant optimiste sur la conclusion du débat national, jeudi, au terme de neuf mois de discussions entre entreprises, syndicats, ONG, élus et experts.
La dernière séance plénière du Débat, voulu par le président François Hollande  pour esquisser l'avenir énergétique de la France, doit permettre d'entériner quinze recommandations.
Officiellement remises au gouvernement le 20 septembre lors de la Conférence environnementale annuelle, elles doivent nourrir une loi de programmation énergétique présentée à l'automne au conseil des ministres et débattue début 2014 au Parlement.
Ces recommandations se veulent suffisamment générales pour prendre en compte les intérêts divergents mais laissent ouverts certains désaccords de fond, principalement sur l'objectif de la baisse de consommation énergétique mais aussi sur le nucléaire.
La Fondation Hulot juge «inacceptable» la disparition, dans le dernier projet, d'une allusion au «rattrapage de la fiscalité du diesel sur l'essence», défendu par les ONG.
De même, elle dénonce la reformulation de l'objectif d'une baisse de la consommation énergétique de 50% d'ici 2050 pour permettre à la France de tenir ses engagements internationaux sur le climat. La nouvelle formulation serait trop favorable aux entreprises, qui défendent un objectif moins relevé, pour la FNH.
Chez FNE, Maryse Arditi pointe d'autres points de désaccord, sur la question du nucléaire mais aussi sur les objectifs affichés de développement des énergies renouvelables  («entre 30 et 40%» d'électricité d'origine renouvelable en 2030).
Elle juge toutefois important de «ne pas avoir cherché à masquer les dissensus» dans ces recommandations.
«Après, ce n'est que la toute première étape. Nous, notre inquiétude, c'est surtout de savoir ce qui va rester dans la loi de ce débat», souligne-t-elle
MCD

lundi 15 juillet 2013



Bonjour,
Les régions ont présenté ce 8 juillet trente propositions en faveur de la transition énergétique lors de la journée de restitution des débats territoriaux qui s'est déroulée à Paris en présence du nouveau ministre de l'Ecologie, Philippe Martin. Parmi les mesures préconisées : rendre progressivement obligatoire la rénovation des bâtiments les plus énergivores, mettre en place "un cadre juridique, administratif et tarifaire simple, stable et pérenne pour les énergies renouvelables", attribuer une compétence énergie aux collectivités.
Vous trouvez des infos ici :
Transition énergétique : trente propositions opérationnelles issues des débats régionaux
- Les régions ont présenté ce 8 juillet trente propositions en faveur de la transition énergétique lors de la journée de restitution des débats territoriaux qui s'est déroulée à Paris en présence du nouveau ministre de l'Ecologie, Philippe Martin. Parmi les mesures préconisées : rendre progressivement obligatoire la rénovation des bâtiments les plus énergivores, mettre en place "un cadre juridique, administratif et tarifaire simple, stable et pérenne pour les énergies renouvelables", attribuer une compétence énergie aux collectivités.
Les propositions figurant dans le rapport remis ce 8 juillet à Philippe Martin par Alain Rousset, président de l'Association des régions de France (ARF) et de la région Aquitaine, et Marie-Guite Dufay, présidente de la région Franche-Comté, sont issues de la synthèse de la concertation territoriale organisée depuis janvier dans le cadre du débat national sur la transition énergétique. Quelque 850 débats labellisés ont été menés dans 26 régions et ont rassemblé 170.000 participants. La Journée citoyenne du 25 mai, qui a réuni 1.115 participants dans 14 régions, a aussi été l'un des temps forts des débats.
Pour parvenir aux 30 propositions finales, 22 synthèses régionales ont été analysées. A raison d'une quarantaine de propositions par région, un millier de préconisations sont ainsi remontées. La méthode de compilation a consisté à les classer "en fonction des quatre questions du débat", à effectuer "un regroupement par convergence des propositions de toutes les régions", à sélectionner "les propositions principales ayant émergé dans une majorité des régions" et à identifier les "propositions les plus opérationnelles", indique le document de synthèse.
Efficacité et sobriété énergétique
En réponse à la première question ("Comment aller vers l'efficacité et la sobriété énergétique ?"), on trouve six propositions. Tout d'abord, "développer fortement (financièrement et réglementairement) les solutions alternatives de mobilité pour freiner l'usage individuel de la voiture et l'accroissement du transport routier" en recourant à des moyens très variés - pénalisation/dissuasion de l'étalement urbain, développement de l'offre de transports publics et de l'intermodalité, renforcement du fret ferroviaire, réduction de la vitesse sur voie rapide et développement des zones 30km/h en centre-ville, péage urbain, développement de l'autopartage et du vélo-partage, quotas de voies cyclables dans les villes, développement du télétravail, plans de déplacements d'entreprises, véhicules à faible consommation, voitures électriques en milieu urbain. Autre mesure au chapitre de l'efficacité énergétique : " mettre en place un réseau de proximité de guichets uniques à destination des particuliers et des entreprises dispensant une information indépendante et fiable, ainsi que des conseils et un accompagnement de bon niveau sur des questions techniques, juridiques et financières. Ce dispositif doit rassembler "tous les acteurs ayant une valeur ajoutée" - les agences nationales (Ademe- Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, Anah - Agence nationale de l'habitat, Anru - Agence nationale de la rénovation urbaine…), les institutions locales (Adil - agences départementales d'information sur le logement, CAUE - conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement,  conseils en énergie partagée, etc.) - et "s'appuyer fortement sur les collectivités locales". Il faudrait aussi "rendre progressivement obligatoire la rénovation des bâtiments les plus énergivores (logement et tertiaire) en ayant recours à des outils contraignants et en installant le principe de 'valeur verte'" selon une autre suggestion issue des débats régionaux. Il serait par ailleurs nécessaire de "mettre en place des plans territoriaux d'identification et de lutte contre la précarité énergétique par la rénovation thermique des logements", s'appuyant principalement sur les collectivités locales. Il s'agit ainsi "d'améliorer la coordination de l'action territoriale, par exemple par les départements, sur la précarité énergétique tout en renforçant la détection des ménages". En outre "des plans ambitieux de formation aux métiers de la transition énergétique, ciblant particulièrement le secteur des EnR et l'efficacité énergétique" devraient être développés à l'échelle nationale et dans chaque région. Il faudrait également "mettre en place un plan national ambitieux de récupération de la chaleur fatale et issue de la valorisation des déchets".
Quelle trajectoire pour 2025 ?
Concernant la trajectoire pour atteindre le mix énergétique de 2025, la priorité doit être donnée à la baisse des consommations (en particulier des énergies non renouvelables). La production d'énergies renouvelables doit être développée "en donnant la priorité aux ressources présentes sur les territoires" et en veillant " à la solidarité entre les territoires pour ne pas créer une fracture énergétique". Les régions suggèrent aussi de "diversifier davantage et mieux équilibrer le mix énergétique en fonction des quatre principaux postes de consommation : chaleur, transport, process industriels et besoins spécifiques d'électricité". Il faut aussi "favoriser l'approche économique circulaire", en développant "des modes de consommation responsables et moins gourmands en énergie, basés sur les circuits courts, l'agriculture peu consommatrice d'énergie, la lutte contre le gaspillage, le recyclage et la valorisation énergétique des déchets (méthanisation, raccordement d'usine d'incinération aux réseaux de chaleur…)". Les questions énergétiques doivent être "popularisées" par "l'éducation énergétique dans les parcours scolaires", par des "campagnes d'information indépendantes sur la maîtrise de l'énergie". Il a aussi été demandé dans les débats que soit "généralisé un étiquetage énergétique fiable et indépendant sur les produits de grande consommation, les entreprises, les collectivités, les établissements et service de l'état avec exemplarité de l'Etat et des collectivités".
Comment orienter les choix en énergies renouvelables ?
"Un fort consensus se dégage pour un déploiement massif des énergies renouvelables. Ce développement est perçu comme un moyen d'anticiper l'augmentation des prix de l'énergie et de limiter les émissions de gaz à effet de serre tout en réduisant la dépendance énergétique de la France", indique en outre le rapport. "Il s'agit aussi d'une solution face à la crise, à même de créer de la valeur et des emplois si l'on encourage fortement la recherche et les dynamiques industrielles françaises et européennes." Cinq propositions portent donc directement sur les énergies renouvelables. Il faudrait d'abord "mettre en place un cadre juridique, administratif et tarifaire simple, stable et pérenne pour leur développement". Autre nécessité : "développer fortement la recherche sur le stockage de l'énergie et investir massivement dans l'évolution des réseaux." Les régions veulent aussi "encourager le développement et accompagner la structuration de la filière bois/biomasse en veillant à une gestion responsable des ressources et en privilégiant l'approvisionnement local", "lancer des plans nationaux ambitieux, déclinés par région, pour le développement des énergies renouvelables les moins matures : solaire thermique, méthanisation (agricole, industrielle, municipale, …), géothermie profonde, énergies marines, hydroélectricité, énergies de récupération et fatales y compris les déchets ménagers avec recherche systématique des gisements à l'échelle nationale et régionale" Enfin, elles souhaitent "renforcer significativement le fonds chaleur, en simplifier l'accès et automatiser les aides." Il s'agit de lancer un "plan national (décliné régionalement) de développement des réseaux de chaleur".
Coûts, bénéfices et financement de la transition énergétique
Sur la question des coûts, des bénéfices et du financement de la transition énergétique, les régions font plusieurs propositions phares. La première consiste à "mettre en place une vraie fiscalité énergétique cohérente avec les objectifs de la transition, plus équitable entre énergies, sur la base de leur impact respectif" et à "faire évoluer la fiscalité existante pour la rendre plus dissuasive". "Le principe d'une augmentation de la fiscalité énergétique (contribution énergie climat, internalisation des cout de la transition énergétique) est acceptable si elle est progressive et surtout si la traçabilité et le fléchage vers des actions de promotion de la transition sont assurés. La priorité doit être donnée au traitement de la demande en particulier sur les deux principaux postes de consommation (Chaleur et Transport)", note le rapport. Il faut aussi "donner un vrai signal prix sur l'énergie sans mettre en difficulté les ménages les plus précaires (tarification progressive de l'énergie, baisse de la part des abonnements au profit du kWh)".
Les régions proposent également de "créer un dispositif financier de déclenchement massif de la rénovation thermique simple, incitatif, pérenne, accessible et adapté à chaque typologie de ménages (copropriétés, propriétaires occupants, propriétaires bailleurs, logements sociaux, entreprises), compilant les outils financiers existants et à venir" Elles veulent aussi améliorer et renforcer le dispositif des certificats d'économies d'énergie (CEE) et en élargir le champ des obligés. Elles souhaitent encore "encourager financièrement et faciliter juridiquement les projets citoyens, coopératifs ou impliquant des collectivités et les acteurs locaux", en levant "les barrières au développement des structures de type Scoop ou SCIC portant par exemple des projets d'énergies renouvelables, mais aussi en introduisant "des mécanismes spécifiques de soutien pour les projets portés majoritairement par des collectivités locales qui souffrent aujourd'hui de discrimination (appels d'offre notamment)". Elles proposent aussi de "renforcer l'éco-conditionnalité des aides publiques pour les rendre plus incitatives en faveur de l'efficacité et de la sobriété énergétique", d'"améliorer la transparence du calcul des coûts de production, de transport et/ou de distribution de toutes les énergies afin de favoriser leur comparabilité (approche par coût global)" et de "mobiliser les banques publiques (BEI, BPI, CDC)*, via des mécanismes de prêt à très faible taux, mais aussi les banques privées à qui pourrait être affectée une partie des Livrets Développement Durable à des taux bonifiés pour la rénovation thermique ou la gestion de nouveaux livret énergie."
Quelle gouvernance ?
Au sujet de la gouvernance de la transition énergétique, le rapport estime que "l'Etat devrait doter les collectivités d'une compétence énergie et leur donner les moyens d'agir efficacement sur les plans technique, juridique et financier." Il faut aussi "mobiliser tous les leviers pour tendre vers l'exemplarité de l'Etat et des collectivités locales" - rénovation énergétique massive du patrimoine immobilier public, évolution du parc automobile vers des véhicules électriques et hybrides, etc.  Il est aussi proposé de "renforcer la planification énergétique territoriale et la compatibilité entre SRCAE (schémas régionaux climat air énergie, NDLR) / PCET (plans climat énergie territoriaux, NDLR) / Scot (schémas de cohérence territoriale, NDLR) / PLU (plans locaux d'urbanisme, NDLR)", de "renforcer le rôle des PCET" et de favoriser "l'intégration systématique de critères énergétiques dans les documents d'urbanisme". Il s'agit aussi "d'encourager le droit à l'expérimentation des collectivités en matière énergétique", de "permettre aux collectivités autorités organisatrices de la distribution d'énergie et groupements de collectivités exerçant cette compétence de jouer réellement leur rôle d'autorité concédante" et de renforcer les moyens d'ingénierie territoriale.
"Nous ne réussirons pas le redressement productif si nous ne considérons pas la transition énergétique comme un défi technologique majeur, a déclaré Alain Rousset, président de l'Association des régions de France (ARF) et de la région Aquitaine à l'occasion de la remise du rapport. Ce débat a montré une plus grande connaissance des problèmes de la part de nos concitoyens que l'on pouvait l'imaginer. Le gouvernement doit désormais prendre des options ambitieuses qui privilégient une vision à long terme et dépassent les conservatismes. Les régions lui apporteront un soutien déterminé comme elles l'ont fait tout au long de ce grand et fructueux débat".
Philippe Martin a pour sa part salué "la richesse des débats dans les territoires». "La recherche d'une forme d'autonomie énergétique des territoires est clairement préconisée, sous réserve d'un contrôle public des réseaux", a relevé le ministre. "La transition énergétique est un enjeu structurant en matière de développement économique, d'emploi et de solidarité", a-t-il déclaré. "Un des enseignements majeurs du travail en régions, c'est aussi que la transition énergétique est une opportunité pour les économies régionales", a-t-il ajouté. Mais, a-t-il mis en garde, "si nous voulons aller vraiment vers la transition énergétique, ce n'est pas seulement les spécialistes qui doivent être convaincus, mais l'ensemble de l'opinion publique". A un participant qui soulignait que le débat avait été le fait "d'un microcosme", le ministre a répondu: "C'est hélas juste, l'enjeu est d'associer la population de manière beaucoup plus forte."
Philippe Martin a rappelé que la dernière séance plénière du débat national le 18 juillet devrait permettre de finaliser des recommandations qui seront remises au président Hollande lors de la conférence environnementale des 20 et 21 septembre. "Ces recommandations viseront à rendre la France énergétiquement plus efficace et plus économe, moins dépendante du nucléaire et des énergies fossiles pour aller vers un modèle de croissance qui préserve le climat, tout en restant un modèle compétitif, innovant et créateur d'emplois et de  richesses", a-t-il expliqué. "Sur moi, il n'y a qu'un seul lobby qui a de l'influence, c'est celui de l'intérêt général et des générations futures", avait lancé un peu plus tôt Philippe Martin avant d'inviter les participants au débat (ONG, entreprises, élus, syndicats, experts) à "fixer une trajectoire" pour la France.
Anne Lenormand
Magali CLAUZONNIER
04 75 42 54 58 / 06 48 52 21 37
c.tincelin(AT)wanadoo.fr
jpbrun(AT)vd-ec.org,
fabien.wouters(AT)orange.fr
christophe.ceres(AT)live.fr
mathias-herrmann(AT)hotmail.fr
claude.veyret26(AT)gmail.com
verdetmireille(AT)free.fr
reseaudioistransition(AT)gmail.com
marc.isoard(AT)orange.fr
helene.bernard.die(AT)wanadoo.fr
jean-louis.peytoureau(AT)laposte.net
wimdel(AT)gmail.com
nanoukette(AT)gmail.com
agroussel26(AT)gmail.com
ecologieauquotidien.die(AT)gmail.com 
francois.velliet(AT)orange.fr
juliencoudert(AT)yahoo.fr
magali.clauzonnier(AT)gmail.com

mardi 9 juillet 2013

La fin du travail...

La chambre de commerce de Washington, en avril 2013

L'envolée des petits boulots











Après des années à la Ligue de l'enseignement en Meurthe-et-Moselle, Paul Brosse avait décroché un poste de salarié contractuel de la ville de Saint-Etienne qui n'a pas été renouvelé. Fin 2011, il s'est retrouvé au chômage à l'âge de 50 ans. "Mon profil de senior avait peu de chances de convenir aux employeurs, mieux valait tenter de créer mon propre emploi", explique l'autoentrepreneur, qui a tenu à être présenté sous un nom d'emprunt.
Les petits boulots à la rescousse de l'emploi ! Autoentrepreneurs, stages, temps partiel, dans la lutte contre le chômage, toutes les formes de travail sont les bienvenues, même les plus précaires. Tandis que les dirigeants européens se sont entendus, le 28 juin, sur un plan antichômage des jeunes, en France et dans le reste de l'Europe, en Allemagne, en Espagne ou même aux Etats-Unis, se multiplient les "mini-jobs", toute forme de travail en free-lance, en "cloud working" (mode de travail selon lequel l'essentiel de la collaboration s'effectue en ligne), payés en honoraires, en droits d'auteur, à la tâche, ou juste indemnisés pour ce qui concerne les stagiaires, à côté des traditionnels salariés en contrat à durée indéterminée (CDI).
En Allemagne, IBM fait de plus en plus appel à des indépendants. Aux Etats-Unis, les "free-lance" sont si nombreux qu'une mutuelle a été créée pour prendre en charge leur protection sociale. En Espagne, les temps partiels investissent le marché du travail et ralentissent la hausse du chômage. En France, les exemples sont légion d'ex-salariés qui vendent leurs compétences en direct sur Internet, sur Seniorsavotreservice. com par exemple. D'autres, comme Paul Brosse, s'essaient à l'autoentreprise pour garantir leur propre emploi. "Entre 2009 et 2012, la part des ex-chômeurs parmi les autoentrepreneurs est ainsi passée de 35 % à 42 %. Depuis début 2013, il y a 1 200 personnes qui se déclarent autoentrepreneurs chaque jour ouvrable, dont 50 % de demandeurs d'emploi, la majorité dans le secteur des services", indique François Hurel, fondateur de l'Union des autoentrepreneurs.
LE PREMIER EMPLOI À 27 ANS
La France compte 3,2 millions de chômeurs en catégorie A. L'entrée ou le maintien sur le marché du travail est difficile, de plus en plus pour les seniors et traditionnellement pour les jeunes : l'âge moyen d'accès à un premier emploi stable est passé de 20 à 27 ans entre 1975 et aujourd'hui. En moyenne, les jeunes diplômés mettent plus de trois ans à intégrer le marché du travail avec un contrat de plus de six mois. Trois ans de galères et de petits boulots !
On comprend que les formes de travail alternatives au salariat, qu'elles soient choisies ou subies, fassent florès. Mais sont-elles susceptibles d'influer sur la courbe du chômage ? Pour l'économiste Etienne Wasmer, professeur à Sciences Po Paris, la réponse est oui, car "cela permet de susciter plus d'activité, mais sous réserve que ces dispositifs soient bien conçus, c'est-à-dire partiellement cumulables avec des aides publiques comme le revenu de solidarité active ou l'allocation d'aide au retour à l'emploi, par exemple. Sinon cela ne sera pas très incitatif pour l'activité réduite."
Une agence de Pôle Emploi à Dijon, en avril 2009.
En effet, après un an d'activité, M. Brosse a décidé d'arrêter son autoentreprise, car il risquait de perdre son allocation spécifique de solidarité de 470 euros, alors que son autoentreprise ne lui rapportait encore qu'entre 300 et 500 euros par mois. "Ne serait-il pas judicieux d'accorder aux seniors bénéficiaires de l'allocation un système de régulation entre ce versement et les revenus de l'entreprise permettant de soutenir l'esprit d'entrepreneur, même à une échelle modeste ?", suggère celui qui va redevenir chômeur presque malgré lui.
Pour la jeune Géraldine Rault, l'autoentreprise a en revanche été la bonne réponse au chômage. Ancienne attachée de presse, elle s'est lancée en 2011 dans la création de bijoux – un rêve d'enfance – avec Blooming Day. "Avant cela, j'étais chargée de projet dans les métiers d'art, dans le cadre d'un contrat d'accès à l'emploi. Cela a duré vingt-quatre mois. Ils m'ont formée mais pas embauchée", raconte-t-elle. Ce qui l'a décidée à se lancer. Deux ans après le début de l'aventure, Mme Rault avoue "ne pas rouler sur l'or", mais apprécie cette nouvelle liberté. "On travaille pour soi, c'est valorisant, même si pour la retraite ce n'est pas très avantageux, mais c'est dans longtemps", explique cette jeune femme de 29 ans.
MOINDRE PROTECTION SOCIALE
Faire le "choix" de "petits emplois" à temps partiel ou autres emplois atypiques est indissociable d'une moindre protection sociale. Un nombre insuffisant d'heures de travail dans l'année peut, par exemple, empêcher la validation de trimestres de retraite. Géraldine Rault comme Paul Brosse sont donc bien sortis des statistiques du chômage, au moins provisoirement. Comme les mini-jobs allemands, le régime des autoentrepreneurs est donc susceptible de faire baisser les chiffres du chômage, voire d'en inverser la courbe. A contrario, "sans ces emplois atypiques, il n'y aurait pas davantage de chômage", affirme Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques. L'explication de ce paradoxe est que l'autoentreprise, les mini-jobs, comme le temps partiel sont des formes de travail partagé.
Ni l'autoentreprise ni les mini-jobs ne créent réellement d'activité. En France, "l'activité des autoentrepreneurs ne représente que 0,2 % du PIB", indique M. Plane. En Allemagne, alors que l'hôtellerie et la restauration, où l'on manque de bras, concentrent le plus grand nombre de mini-jobs (34 %), "le nombre d'heures travaillées dans ce secteur n'a pas progressé. Il n'y a donc pas eu création d'activité, mais partage du travail", indique Philippe Askenazy, économiste et chroniqueur du Monde. Ce que confirme la réduction de la durée annuelle de travail en Allemagne : "Avec un taux de temps partiel à 30 %, contre 18 % en France, la durée annuelle moyenne du travail salarié a tellement baissé qu'elle est aujourd'hui légèrement inférieure à celle de la France", remarque M. Plane.
En revanche, ces emplois atypiques apportent une vraie réponse en termes de maintien en activité. Ce qui n'est pas négligeable, particulièrement lorsque le chômage s'installe durablement, pour réduire au maximum l'éloignement du marché du travail. "La proximité d'une personne à l'emploi est un élément favorable pour augmenter ses chances d'accéder à l'emploi stable à plein-temps", rappelle l'économiste et spécialiste de l'emploi Yannick L'Horty.
Le choix de l'activité à tout prix est évidemment celui que font les jeunes qui enchaînent petits boulots, stages et CDD dans la perspective d'accéder au marché du travail. Le stage est devenu un passage obligé sans lequel on n'accède pas au saint Graal : l'"emploi décent" au sens de l'Organisation internationale du travail (travail, rémunération et protection sociale). "C'est hyper important de  faire des stages, affirme Mylène Carpentier, 23 ans, étudiante de troisième année, qui passe trois mois dans une agence de graphisme. Les  Arts Déco, ce n'est pas très professionnalisant. Là, on apprend le rapport avec le client. Ceux qui réussissent le mieux à la sortie sont ceux qui ont la meilleure expérience", dit-elle. Même si un seul stage est obligatoire pendant le cursus, Mylène Carpentier consacre chaque été à une nouvelle expérience. Ces dernières années, la pratique des stages a explosé : "Leur nombre en milieu professionnel est estimé aujourd'hui à environ 1,6 million par an, contre 600 000 en 2006", selon le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental.
Les entreprises du CAC 40 privilégient le stage, voire l'alternance, pour identifier les futures recrues. Mais le stage est aussi source d'abus.


LE STAGE, SOURCE D'ABUS
Les entreprises du CAC 40 privilégient le stage, voire l'alternance, pour identifier les futures recrues. A l'image de BNP Paribas, où Jean-Sébastien Calvao a été embauché en 2012. "BNP Paribas nous a fait une présentation de son programme d'alternance, en précisant qu'il était envisageable d'obtenir un CDI à la fin. En septembre, j'ai commencé à l'agence d'Argenteuil où j'ai assisté les différents conseillers un an. J'ai été embauché comme chargé d'affaires pour les professionnels dans l'agence de Deuil-la-Barre dans le Val-d'Oise", dit ce diplômé de master de l'université de Villeteneuse.
Mais le stage est aussi source d'abus, notamment dans certains secteurs : "Dans le luxe ou la banque, on peut facilement enchaîner cinq ou six stages sans rien obtenir", affirme Julien Bayou, de Génération précaire. Les entreprises savent opportunément se servir de cette main-d'oeuvre peu onéreuse, qui exécute une mission souvent proche d'un premier emploi. Tarif de base : le tiers du smic. "Je suis payé 436,05 euros par mois, mais j'ai la chance d'être chez mes parents. Sinon, ce serait plus difficile", raconte Nicolas Dupont, 24 ans, étudiant au sein de Skema, une école de commerce, qui demande aux élèves de consacrer dix mois de leur scolarité à des stages. De fait, après avoir été cinq mois assistant chef de projet chez un éditeur de jeux pour iPhone, M. Dupont occupe un poste de "Web category manager" (chargé du développement d'une partie du chiffre d'affaires) au sein d'une place de marché consacrée au bricolage. M. Dupont ne se plaint pas de cette situation. Mais Génération précaire dénonce l'ambiguïté entretenue par les entreprises. "Evidemment, les jeunes qui ont des responsabilités s'en félicitent. Mais au-delà de six mois, on n'est plus dans le cadre d'un stage mais d'un emploi."
Le Conseil économique parle de 100 000 cas par an affectés à de véritables postes de travail qui devraient être occupés par de jeunes diplômés, soit 6 % du total. Porte d'accès à l'emploi, le stage est tout bénéfice pour l'économie : "Il maintient l'activité de l'entreprise et fait artificiellement baisser les chiffres du chômage", souligne Vincent Laurent, de Génération précaire. En effet, les stages ne sont pas comptabilisés dans la catégorie A des demandeurs d'emploi, qui sert de référence aux dirigeants politiques pour communiquer sur l'évolution de l'emploi.
Faute de croissance créatrice d'emplois, la multiplication des "petits boulots", stages abusifs et autres formes de travail atypiques maintient un pan de la population en activité et "n'est pas un risque sur le marché du travail si l'on pense qu'il vaut mieux travailler que rester au chômage, estime M. Wasmer. C'en est un en revanche, si cela conduit à une pression à la baisse sur les salaires des CDI. Ce type de dispositif doit être bien articulé avec le reste de la protection sociale", souligne-t-il. A l'heure où nombre de salariés bouclent leurs valises de vacances, les forçats du petit boulot se préparent à assurer la continuité de l'activité de l'entreprise et à réduire les chiffres du chômage.
Sandrine Cassini et Anne Rodier