vendredi 28 novembre 2014

Sortir des énergies carbonnées.

Les ONG ont salué à l'unisson jeudi à la conférence environnementale la suppression des crédits à l'exportation pour des projets liés au charbon et l'ouverture du chantier de la démocratie participative, annoncées par François Hollande.
Conférence environnementale: les ONG saluent la fin du soutien au charbon
Une aire de stockage à charbon d'une usine à Blénod-lès-Pont-à Mousson, le 21 mars 2013
Une aire de stockage à charbon d'une usine à Blénod-lès-Pont-à Mousson, le 21 mars 2013 
Les ONG ont salué à l'unisson jeudi à la conférence environnementale la suppression des crédits à l'exportation pour des projets liés au charbon et l'ouverture du chantier de la démocratie participative, annoncées par François Hollande.
«Une chose importante, essentielle, c'est l'arrêt des subventions aux exports charbon qu'on demandait», a réagi Philippe Germa, président de WWF France, à l'issue du discours du président de la République.
L'engagement d'agir au niveau européen pour aller vers la fin des subventions à toutes les énergies fossiles, «c'est aussi une bonne chose», a déclaré le responsable de WWF.
Sylvain Angeraud, des Amis de la Terre, s'est également réjoui de cette volonté de ne plus soutenir les énergies fossiles, principales responsables des émissions de gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement climatique: «pour la première fois depuis 10 ans, on met cette question des énergies fossiles sur la table».
«On veut que ce soit concrétisé en 2015», a lancé le militant écologiste.
«La France est aussi actionnaire d'entreprises publiques impliquées dans de nombreux projets liés au charbon dans les pays de l'est et elle doit utiliser son rôle d'Etat actionnaire pour demander à EDF ou GDF l'arrêt de ces investissements», a ajouté Sylvain Angeraud.
Denez L'Hostis, président de France nature environnement, y voit «un geste positif». «Ca restera à vérifier», a-t-il prévenu, mais «on rebat un peu les cartes et ça fait du bien». Selon lui, le président «est peut-être devenu +climato-friendly+, beaucoup plus que précédemment».
A la Fondation Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin s'est réjoui de «trois annonces importantes»: sur les crédits charbon, la démocratie participative, et sur les pesticides néonicotinoïdes.
«Il faut d'autres avancées dans les tables rondes», a-t-il poursuivi car «nous sommes restés sur notre faim sur un tas d'autres sujets: la mobilisation climat et comment on la concrétise au niveau national (...) les transports et la mobilité sans un mot sur l'écotaxe, sur l'évolution des aides pour changer de véhicules, sur les cantines bios».
Sur la démocratie participative, que Hollande veut renforcer pour les projets ayant un impact environnemental, le porte-parole de FNH «a bien noté l'étude de toutes les alternatives».
«Pour Notre-Dame-des-Landes, par exemple, c'est enfin peut-être la réouverture des alternatives à ce projet de nouvel aéroport», a-t-il confié.
Pour Denez L'Hostis, «c'est extrêmement positif que ce chantier soit ouvert».
«A la fin», le président «est venu me voir et m'a dit +on doit ça à Rémi Fraisse+», a confié le président de FNE. «Il ne faut pas que cette mort ait été inutile car Sivens n'est pas un projet isolé».
Planète

samedi 15 novembre 2014

Climat : catastrophe en vue

Planète

Les experts sur le climat ont publié dimanche à Copenhague ...

Agir contre le réchauffement sans attendre pour le limiter...


Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse à Nairobi le 29 octobre 2014
Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse à Nairobi le 29 octobre 2014


Les experts sur le climat ont publié dimanche à Copenhague une évaluation mondiale dont le message est clair: face à l'ampleur du réchauffement, il faut agir vite pour réduire les émissions de CO2, ce qui est possible.
«Nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne disparaisse», a déclaré Rajendra Kumar Pachauri, le président du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), qui a réalisé la plus complète évaluation du changement climatique depuis 2007.
Elle doit servir de base scientifique aux responsables politiques dans les négociations internationales devant aboutir fin 2015 à Paris à un accord global.
Les ministres français des Affaires étrangères Laurent Fabius et de l'Ecologie Ségolène Royal ont appelé à «une mobilisation universelle et immédiate» sur le changement climatique, «menace grave pour la biodiversité, la sécurité alimentaire et la santé».
Le président français François Hollande a assuré dimanche que le France et le Canada étaient déterminés à «agir ensemble» sur les enjeux de l'environnement et du climat à son arrivée dans ce pays pour une visite d'Etat.
Pour le secrétaire d'Etat américain John Kerry, «ceux qui décident d'ignorer ou de contester la science (...) nous mettent tous en danger, ainsi que nos enfants et petits-enfants».
Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU s'est élevé contre «le mythe» selon lequel «agir pour le climat sera coûteux». «Je peux vous dire que ne pas agir coûtera plus, beaucoup plus», a-t-il affirmé.
La communauté internationale s'est fixé comme objectif de maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C, afin de limiter les impacts du changement climatique déjà à l'oeuvre et dont la vitesse est inédite.
Pour garder le cap des 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d'azote) doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et disparaître totalement d'ici 2100, estiment les scientifiques.
Cela implique de se détourner massivement des énergies fossiles, d'améliorer fortement l'efficacité énergétique, de limiter la déforestation, etc, et d'investir pour cela des centaines de milliards de dollars d'ici à 2030.
Pour autant, ce tournant énergétique ne compromettrait pas la croissance mondiale, mettent en avant les experts (climatologues, économistes, océanographes, etc).
Des efforts «ambitieux» de réduction de gaz à effet de serre feraient baisser de 0,06 point le taux annuel de la croissance mondiale, estimé entre 1,6 et 3% au cours du 21e siècle, avancent-ils.
«Nous avons les moyens de limiter le changement climatique», a insisté M. Pachauri. Youba Sokona, vice-président du Giec, souligne de son côté que «plus nous attendons pour agir, plus ce sera couteux».
Record de 800.000 ans

Et s'il n'était pas «contrôlé», le changement climatique aurait des impacts «graves, étendus et irréversibles», indique le Giec.
Pour les auteurs du rapport, «limiter les effets du réchauffement climatique pose la question de l'équité et de la justice et est nécessaire pour atteindre un développement durable et éradiquer la pauvreté».
Les experts soulignent que les populations les plus vulnérables, notamment celles des pays les moins développés, auront moins de moyens pour faire face aux impacts du réchauffement.
Cette nouvelle évaluation globale est le fruit d'un colossal de partage des connaissances (30.000 études passées en revue, 800 auteurs principaux): c'est la cinquième publiée par le Giec après celles de 1990, 1995, 2001 et 2007.
«L'atmosphère et les océans se sont réchauffés, les quantités de neige et de glace ont diminué, le niveau de la mer a augmenté», a résumé Thomas Stocker, vice-président du Giec.
Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevées depuis 800.000 ans.
Conséquence: la température moyenne à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012, une vitesse inédite. Celle à la surface des océans a augmenté de 0,11°C par décennie entre 1971 et 2010.
Le niveau moyen des océans s'est lui élevé entre 1901 et 2010 de 19 cm.
Dans la région de l'Arctique, qui se réchauffe plus rapidement que la moyenne de la planète, la surface de la banquise a diminué de 3,5 à 4,1% par décennie entre 1979 et 2012.
A noter que l'Antarctique suit le chemin inverse (+ 1,2 à 1,8%), même si certaines régions de ce continent ont perdu de la glace.
Les impacts sont déjà visibles sur tous les continents: précipitations accrues dans certaines zones et en baisse ailleurs, répartition modifiée des espèces marines et terrestres, rendements agricoles globalement en baisse, vagues de chaleur plus fréquentes en Europe, Asie, Australie.
Le réchauffement se poursuivant, le Giec prévient que les conséquences seront plus lourdes en terme de sécurité alimentaire, de disponibilité en eau potable, de risques d'inondations et de tempêtes, avec une hausse probable des déplacements de population et de conflits pour l'accès aux ressource.
Planète

dimanche 2 novembre 2014

L'eau bien commun de l' humanité, consfiquée par des minorités

Le projet de construction du barrage de Sivens (Tarn) illustre ...la voracité de l'agriculture destinée aux animaux

Prélever toujours plus d'eau: une équation impossible avec le réchauffement

Travaux de déboisement le 9 septembre 2014 sur le site de Sivens près de Gaillac
Travaux de déboisement le 9 septembre 2014 sur le site de Sivens près de Gaillac 
Le projet de construction du barrage de Sivens (Tarn) illustre l'équation de plus en plus délicate à résoudre entre la demande des prélèvements d'eau pour un usage agricole et la disponibilité de la ressource, une situation aggravée par le réchauffement.
«Il faut faire des choix conciliant la protection de l'environnement et les activités économiques», a déclaré mercredi Ségolène Royal, qui a convoqué mardi une réunion avec les acteurs de la gestion de l'eau en France.
«Qu'est-ce qu'on autorise comme prélèvements, à quel prix, au profit de qui ?», a interrogé la ministre de l'Ecologie, pour qui «ces questions doivent être posées courageusement, en transparence, avec des règles claires sur l'utilisation des fonds publics pour financer des barrages ou retenues d'eau».
Selon Bernard Rousseau, expert à France Nature Environnement (FNE), «sur une grande partie de la France, les prélèvements sont supérieurs aux capacités de réalimentation». Car, poursuit le spécialiste, «au delà des chiffrages des hydrogéologues (...), il y a des pressions locales et il y a beaucoup d'autorisations de prélèvements qui ne tiennent pas compte de la réalité du milieu».
Dans un rapport de 2013, le centre d'analyse stratégique (CAS), rattaché au Premier ministre, constatait «un déficit chronique» en eau dans les bassins Seine-Normandie, Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée.
Les auteurs soulignaient que «certaines régions (pouvaient) connaître d'importantes tensions sur la ressource à certaines périodes de l'année», surtout l'été (arrosage des cultures, des jardins, remplissage de piscines, activités touristiques, etc.).
Mercredi, Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, a d'ailleurs rappelé que «la question de la ressource en eau pour un certain nombre d'agriculteurs et de zones agricoles (était) aujourd'hui un sujet extrêmement sensible». «Les sécheresses de printemps se répètent et elles sont extrêmement dommageables, en particulier pour l'élevage», a-t-il relevé.
Le CAS prévenait que les régions déjà en difficulté seraient aussi «les plus à risques» à l'horizon 2030 du fait de la baisse prévisible des précipitations futures et appelait à «favoriser une agriculture plus économe en eau».
Changer de système de culture, voire de production
«Le secteur agricole, premier consommateur de la ressource, devrait fortement être touché» et il est «primordial de considérer ce phénomène comme structurel, en mettant en place des adaptations de systèmes de culture», affirmait le rapport. Le choix des semences ou des types d'arrosage peuvent être déterminants.
Le «J'ai besoin de flotte, je fais un barrage» est irresponsable
Or, selon Bernard Rousseau, «face au changement climatique, au lieu de faire une mutation de l'agriculture, ce sont les solutions les plus classiques - "j'ai besoin de flotte, je fais un barrage" - qui sont mises en place».
La construction de ce type d'ouvrage d'art rencontre depuis longtemps des résistances dans les milieux écologistes, et parfois parmi les populations concernées. Si bien que des projets parfois avancés ne voient pas le jour. C'est le cas du projet de barrage de Charlas (Haute-Garonne), au pied des Pyrénées, qui a été stoppé en dépit d'un feu vert gouvernemental délivré en 2006. Le projet s'étalait sur 625 hectares, une dimension tout autre que la retenue de Sivens qui doit couvrir une trentaine d'hectares pour 18 agriculteurs.
«La question posée aux politiques, c'est quelle politique agricole par rapport à la préservation des ressources en eau», résume Bernard Rousseau. «Les décideurs doivent introduire dans leurs réflexions la notion de limite», insiste-t-il mais «la compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne (Ndlr, maître d'oeuvre pour la retenue de Sivens, présidée par des élus locaux) est une machine à faire des barrages».
Enfin, dans un contexte de réduction des dépenses publiques, la question du financement de ces projets devient plus épineuse encore et s'ajoute aux critiques sur les redevances payées aux six agences de l'eau de l'Hexagone par les différents usagers (ménages, agriculteurs, industrie) qui prennent mal en compte les coûts de dépollution.
Le projet de Sivens est évalué à plus de 8,5 millions d'euros ( plus prés des 10 millions, sans compter 2 mois de force de l'ordre), dont la moitié à la charge de l'Agence de l'eau. Selon le rapport d'experts commandité par Ségolène Royal, cet aménagement bénéficierait à une quarantaine d'agriculteurs, mais moins de fermes. Et le montage financier  est obsolète. Ce projet est un trop vieux projet des années de démantèlement des petites exploitations agricoles.
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